Violence à Khotan : les pourquoi et comment
Nous avons vu depuis le 18 juillet, l’apparition soudaine des informations sur les Ouïghours dans les différents journaux en France et ailleurs. Les journalistes ont bombardé les bureaux des différentes associations politiques ouïghoures en Europe. Malheureusement, on ne s’intéresse à nous que quand il ya un évènement tragique.
Nous avons su par le biais des différents journaux, mais surtout de la dépêche provenance de l’agence Xin Hua, la seule source des médias chinois, qu’un groupe de personne a pris en otage des officiers de police et a mis le feu au bâtiment de commissariat à Khotan dans le pays ouïghour. Selon le bilan, toujours chinois, il y a eu 4 morts dont deux policiers et deux « otages ». Depuis, le bilan est en hausse : encore 14 morts, tous Ouïghours.
Les autorités chinoises ont immédiatement imposé le couvre feu dans la ville. Toutes boutiques sont fermées, les institutions étatiques ont reçu l’ordre de « bouche fermée » face aux journalistes, notamment étrangers. La Radio Free Asia a tenté d’interviewer les policiers de Khotan sans succès. Réponse unique : « Oui, il y a eu un incident au poste de police, mais nous avons reçu l’ordre de ne rien dire ».
Le Congrès Mondial Ouïghour (WUC) a réagit sur cet incident : il faut chercher la raison à partir de son contexte. La répression policière dans la région serait sans doute la cause directe de cette attaque. Au final, les « attaquants » sont morts.
Les autorités chinoises ont aussitôt, bien évidemment, ont attribué cette attaque aux « terroristes » et ont envoyé des forces spéciales antiterroristes depuis Pékin. Aujourd’hui en avion, Pékin-Khotan ne doit pas dépasser les quelques 6h de vol.
Seulement, quand on connait les très régulières « frappes fortes » de police chinoise, mises en place depuis les années 90, la violence gratuite des policiers et leur terrorisme quotidien, on comprend que cette attaque est trop mini pour faire sortir sa colère. La répression religieuse particulièrement forte depuis un an et la démolition des maisons pour installer les colons chinois a obligé les Ouïghours à vivre en dehors de la ville. Récemment des jeunes ont été arrêtés pour avoir pratiqué la religion en groupe. Selon les informations données par le WUC, ce sont les amis de ces détenus qui ont voulu les libérer.
Une Ouïghoure qui a téléphoné aujourd’hui le bureau ouïghour de Radio Free Asia a dit « ici, les vivants sont chassés de leurs maisons, et les morts de leur tombes. » En effet, pour faire de gratte-ciels aux nouveaux colons chinois, les autorités ont même délocalisé les cimetières.